Raphaëlle Benzimra, Remo Bianco, Sacha Cambier de Montravel, David Casini, Michele Ciacciofera, Chung Chang-Sup, Odonchimeg Davaadorj, Anne Deguelle, Maurizio Donzelli, Paolo Inverni, Esmeralda Kosmatopoulos, Luigi Mainolfi, Gulnur Mukazhanova, Hanako Murakami, Niyaz Najafov, Donato Piccolo, Gianluca Quaglia, Pietro Ruffo, Oxana Shachko, Nadia Valentine.
Écrire l'Histoire est difficile. Regarder le silence évocateur de ses vestiges est à la fois plus facile, plus drôle, et tout autant scientifique : l'archéologie des images poussée jusqu'à la mnémosyne* invite à des compréhensions profondes, mais courant le risque de l'anachronisme et de l'indicible. C'est le défi d'une telle archéologie que nous avons lancé aux artistes invités à s'inspirer d'un corpus d'images du Trecento siennois. Nous reconstituons ainsi un atelier cosmopolite, dont nous offrons une visite imaginaire dans l'espace de la Galerie Italienne.
La peinture siennoise est une oubliée de l'histoire des moments de l'art traditionnellement valorisés. La façon dont le style florentin écrasera les autres styles italiens le siècle suivant participe de cet oubli. Nous proposons de mettre en dialogue cet étrange oubli et l’étrangeté oubliée de l'art siennois, au prisme des codes de l'art contemporain. En commanditaires, nous avons contraint les artistes avec la consigne de mener leurs recherches sur l'art siennois du Trecento. Nous avons discuté avec eux et parfois participé à la conceptualisation des oeuvres. Certaines oeuvres ont été sélectionnées, qui représentaient déjà un travail sur le Trecento.
L'atelier tardo-médiéval est un lieu de production d'ouvrages ingénieux, et travaillés par un groupe d'individus anonymes à l'exception du maître. La peinture moderne participe à un autre modèle d'individualisme, peut-être plus solitaire, et nous nous plions à cette première dissonance : chaque artiste a ici travaillé seul face à sa propre idée du Trecento.
La ville de Sienne développe au XIVe siècle une politique d'unification du style architectural, et ses peintures s'engagent progressivement dans un style siennois reconnaissable, spécifique à la commune. En même temps que l'identité citadine s'affirme par la politique visuelle, les éléments du gothique international, qui traverse toute l'Europe, s'incorporent massivement aux styles locaux. Cette autre identité visuelle, européenne, impose ses fonds d'or élaborés et ses éléments luxueux (vêtements, mobiliers) issus des commerces et des spoliations extra- européennes.
Autant d’échos pour les artistes et historiens d’aujourd’hui, dont la culture visuelle est encore habitée et nourrie de politiques visuelles variées, influant sur nos comportements et nos croyances.
La fétichisation de l’Autre par les élites se retranscrit en peinture par le foisonnement de tout ce qui peut être étrange et inaccessible aux yeux du dévot lambda, particulièrement à Sienne, qui est l'un des points d'arrivée majeurs de la route de la soie : alors que, par souci d’humilité chrétienne, des lois interdisent le port de vêtements trop richement décorés à Sienne, les tableaux se remplissent de tapis kazakhs et de tissus mongols habillant les anges. À l’heure des antiracismes décoloniaux dialoguant au-delà des frontières, comprendre notre histoire.
tissée d’hybridations et d’appropriations nous paraît important. Nous avons ainsi consulté l’activiste belge Anne Wetsi Mpoma afin de développer cet axe.
Enfin, nous retenons la description par Anne-Laure Imbert**, spécialiste de la peinture siennoise, des ''collages anachroniques'' typiques du style de la commune. Des perspectives innovantes et expérimentales se mêlent à des ornementations surchargées, dont la bidimensionnalité entre en contraste avec le champ figural. Les intrusions réciproques de la surface et de la profondeur du tableau font loi, et produisent des détails déstabilisants qui évoquent l'impossibilité de figurer le divin. Des compositions mathématiques scandent l'ordre trinitaire, pendant que le tracé des pinceaux et des poinçons apparaît de plus en plus, indiquant la présence à l'oeuvre de l'artisan.
Il est néanmoins difficile pour l’historien de reformuler fidèlement ces approches artisanales, dans la mesure où il n’y a presque pas d’écrits théoriques produits par les artisans du Trecento elleux-mêmes. Rattacher les artistes de notre exposition anachronique au moment siennois est ainsi un moyen de continuer ces montages stylistiques contrastés et complémentaires propres à Sienne, tout en commentant visuellement notre rapport tronqué à l’histoire.
En somme, Trecento Workshop est à son tour un collage anachronique de dissonances et d'exubérances, interrogeant la teneur du fantasme historique et la persistance des enjeux transhistoriques sur le terrain artistique.
* Aby Warburg, Roland Recht (préface), Atlas Mnémosyne, INHA, Paris, France, 2012
** Anne Laure Imbert, dans Penser l’étrangeté, actes de colloque, Presses universitaires de Rennes, France, 2012
Une exposition conçue par Azad Asifovich & Adrienne Roger-Jaffé
Laine mérinos fine, feutrée à la main
250 x 150 et 250 x 250 cm
neon
230 x 65 cm
Bois peint, métal
Dimensions variables
bois peint, métal
65 x 59 cm
Feuille d'or et résine sur bois
139 x 80 x 5,5 cm
Fibre de coton sur toile
70 x 120 cm
Laiton, bois incrusté, acétate, verre tempéré, impression UV
71 x 50 x 2,5 cm
Graphite sur papier Cadre noir, verre fumé, céramique émaillée, fer peint
Dessin: 37,5 x 27,3 cm
Sculpture: 40 x 28 x 17,5 cm
Céramique émaillée sur bois
36 x 49,5 cm
Gouache, tempera, feuille d'or sur carton toile et tissus
Peinture numérique, feuille d'or, peinture acrylique, céramique
50 x 22 x 15 cm
série de 29 icônes, peinture digitale, impression feuille d'or sur bois
Edition 2/2
15 x 9 cm (chaque)
Huile sur toile
120 x 87 cm
Tempera sur bois
55 x 46 cm
Huile et acrylique sur toile de lin, 70 x 66 cm, 2017.
Verre soufflé, gris clair Seguso,
27 x 17 x 20 cm
Verre soufflé, cristal Seguso vert clair
78,7 x 55,8 x 30,4 cm
couverture de survie, encre
Technique mixte sur toile, feuille d'or, métal, fils électriques, transformateur, son
57 x 90 cm
Tempéra sur bois
30 x 40 cm