Le travail de Maurizio Donzelli est un labyrinthe dans lequel il est si plaisant de se perdre. Le mélange vertigineux de tant de chemins possibles ne suscite pourtant aucune inquiétude. Au contraire, nous accueillons avec une sérénité assurée l'invitation de l'artiste à le suivre dans son exploration incessante du monde du signe, élément primordial à partir duquel il développe un code, détermine un alphabet, construit un langage, progressivement raffinés et enrichis avec des combinaisons nouvelles et des textures inattendues.
La série « Mirror » est emblématique du travail de Donzelli. L'instabilité de ce que l'on voit est accentuée par le jeu anamorphique et par la réflexion partielle donnée par l'utilisation de lentilles prismatiques : la vision est incertaine, mobile, opaque et déterminée par la position et le mouvement de l'observateur.
La surface, doucement réfléchissante, permet, au-delà du miroir, d’entrevoir un monde parfois tangible, parfois plus incertain, mais toujours profond et mystérieux, et dont il n’y a aucune trace de notre côté. Le Moi balaye les surfaces et, par-dessus sa propre image, éclosent des nuances de couleurs, des tourbillons d’écailles, des chemins agités, toute une fluctuation kaléidoscopique de formes fantasmatiques de l’es.
Leur apparence, souvent sous des formes renversées sur un axe médian vertical, ne fait pas allusion au hasard aux taches de Rorschach. La symétrie axiale parfaite, un mécanisme clair et mathématiquement défini, est conduite par Donzelli dans la direction opposée : un ingénieux stratagème pour nous attirer vers les espaces obscurs des œuvres qui nous invitent alors à sonder les profondeurs de l'inconscient.
Les Mirrors nous renvoient à la vision ambiguë des miroirs de jadis qui, pendant des siècles, furent des instruments imparfaits, des plaques de métal patiemment polies à la main, capables de donner une image incertaine et énigmatique, comme nous le rappelle Paul de Tarse : « Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j'ai été connu. » Cor. 13 :12
C'est dans cette opacité fugace, dans l'action d'une légère distorsion, que réside peut-être la source de leur attraction magnétique ; Les Mirrors génèrent des visions instables et complexes qui évitent la banalisation épouvantable du Like.
Talisman : chose consacrée. Du tilisman persan et du telesma grec, ou objet à qui un pouvoir magique a été conféré et en tant que tel, demeure préservé et peut être emporté partout avec soi. Ainsi, le dictionnaire résume de manière concise les caractéristiques du talisman.
Donzelli réunit sous le nom de Talisman une famille de petites œuvres à forte charge positive qui, en tant qu’objets magiques, prennent part à l’autre monde et se caractérisent par une complexité due à l’épaississement des signes et à la fusion des couleurs.
En parcourant ces trames, le regard n’est jamais satisfait, il continue d’errer dans le tissage des lignes, il est enveloppé par les bobines du dessin, il est hypnotisé par des couleurs denses en mutation continue pour finalement s’apaiser dans ce monde magique au sein duquel tout se rassemble dans une unité originelle.
Daniela Ferretti
Technique mixte sur papier marouflé sur toile, 140 x 117 cm
technique mixte, 202 x 97 cm
Technique mixte, 202 x 97 cm
Technique mixte, 202 x 97 cm
Technique mixte, 104 x 95 cm
Technique mixte: acrylique, papier, resine, 143,5 x 109 cm
Technique mixte, 37 x 27 cm